La faute

Etre l’enfant d’un rêve posé là au hasard

D’un trop court voyage au sein d’une nuit blanche,

Etre celui qui pleure quand le bateau repart,

Souvenir ancré d’une heure sonnant comme un dimanche.

 

Et par le temps qui passe, devenir l’angoisse

D’une femme tourmentée dont le cœur embrumé

Emmêle les images et tout d’un coup les chasse

Depuis le lit défait jusqu’au rêve brisé.

 

Etre le grain de sable minuscule et tenace

Qui enraya sa vie sans qu’elle l’eût souhaité,

Etre l’objet sans nom jeté à marée basse

Le bleu à l’âme meurtrie, l’ineffable regret.

 

Grandir dans la tempête de la faute avouée,

Lui sourire sans oser soutenir son regard,

Des rives de l’enfance fuir vers d’autres contrées,

S’inventer une île où larguer ses amarres.

 

Partir avec l’espoir que le fil de nouveaux jours

Fera naître en elle le désir qu’elle pardonne,

Afin de revenir puiser à son amour

L’oubli de n’être l’enfant de personne.

 

Annie Kubasiak-Barbier

Quand le passé s’invite au présent

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