On attrape la cinquantaine, la soixantaine.
On s’évertue à en faire toujours plus dans tous les domaines. On a besoin de prouver notre force, notre indépendance. On tue les marchands de malheurs. Et l’on se croit les rois du monde..
On a en principe réussi sa vie, on a fait une carrière, on a assuré la relève, on a trouvé son âme sœur, on trimbale sa bande d’amis accrochée à ses basques avec émerveillement.
Tous ensemble on a les ailes qu’il faut pour voler loin. On se soutient. Quand certains tombent, d’autres les relèvent. On est jeunes dans sa tête même si nos corps commencent à nous trahir. On continue à construire, on échafaude pour aller plus haut, plus loin, on cimente, on bouche les trous, on consolide. On est artisans de nos bonheurs et on en est fiers.
Alors on oublie parfois un peu vite qu’on n’est finalement qu’un point infinitésimal dans le vaste univers, une flamme de bougie qui vacille, un feu follet de poète, on oublie qu’on est fragile comme une bulle de savon qui s’envole et éclate.
On oublie .. Jusqu’au jour où l’un d’entre nous se fait la malle.
Annie K. Barbier
Vivre d’amour, mourir d’amour
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