A toi, qui m’a redonné foi en la vie
Il est venu un jour où tout s’est écroulé autour de moi. Alors se sont installées la peur et la souffrance. La souffrance fait souvent se complaire, même se noyer dans la solitude. Je parle de la vraie souffrance, celle qu’il m’était impossible de partager avec quiconque, celle qui habitait chaque fibre de mon être, qui annihilait ma raison, qui me dévorait en prenant toute la place.
Pourtant autour de moi, il y avait des âmes compatissantes, celles qui me demandaient timidement si ça allait, qui me disaient « Je peux te poser une question ? » et auxquelles je répondais juste par un « non » laconique qui ne laissait aucune chance à une aide quelconque.
Je me suis enfoncée et je me suis fait mal exprès, mal physiquement même, pour oublier le mal mental qui m’habitait. J’ai descendu les marches en fermant les yeux, j’ai traversé la rue sans regarder. La violence parfois s’installait. J’ai cassé, j’ai fracassé, j’ai crié et manié l’injure, j’ai eu la gueule de bois, j’ai même voulu faire l’amour sans amour.
J’ai fait n’importe quoi. Je me suis conduite comme jamais je ne l’aurais fait si la souffrance n’avait pas été si présente. J’ai poussé l’indécence à rire où il fallait pleurer, j’ai oublié le politiquement correct.
Je n’avais plus de besoin, plus d’envie, plus de présent, pas d’avenir, juste un passé que je voulais oublier à n’importe quel prix.
Je me suis enfermée avec d’autres qui souffraient autant dans un bar malfamé, enfumé et quelques verres sur un comptoir.
Et puis un jour tu es passé, un du genre que j’avais cherché sans trouver et que je finissais par trouver sans chercher. Tu m’as suivie à quelques pas derrière, prêt à me ramasser si je chutais, tu m’as vue me détruire en silence et tu as fini par décider que tu devais stopper ma descente aux enfers.
J’étais tellement exténuée, brisée qu’enfin je t’ai laissé ta chance, cette chance devenue la nôtre, indispensable à notre survie d’abord et à toute notre vie ensuite.
C’est ça aussi l’Amour même quand il n’est pas écrit comme une évidence.
Annie Kubasiak-Barbier
No Comments