Maman, si tu savais … La Jabolière

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Je reviens en pointillés sur ce drame cinquante ans après.

Il était une fois des passionnés, producteurs en région champenoise, amoureux fous de leur domaine , travailleurs novateurs, ambassadeurs acharnés d’un métier qu’il adoraient. Leur vignoble leur avait été légué par la génération précédente qui l’avait elle-même obtenue de celle d’avant. On appelle ça un patrimoine transmis, une affaire de famille. Dans ces familles souvent nombreuses d’ailleurs, il y a toujours un enfant pour reprendre le flambeau familial, parfois même plusieurs qui s’entendent pour pérenniser l’affaire.

Henry et Julia, eux, n’ont eu qu’un fils, leur seule chance de transmettre un jour le fruit de leurs efforts, un fils qu’ils ont élevé dans l’amour de leur domaine, un bambin qui suivait son père dans les vignes et dans les caves et qui en grandissant, semblait s’intéresser aux méthodes de culture, de récolte, de commercialisation. Son chemin était tout tracé et ses parents fondaient tous leurs espoirs sur lui. Mais un jour, il a rencontré sa première maîtresse, la musique, une maîtresse exigeante, possessive, passionnante. Petit à petit, elle l’a détourné du Domaine de la Jabolière et des ambitions familiales. Henry et Julia ont tenté de le ramener au bercail en lui présentant une jolie fille, intelligente, fille d’autres viticulteurs, dont il n’a pas voulu. Dans ces milieux-là, les mariages arrangés sont légion.

La musique c’était toute la vie de Jacques. Et puis, un jour, il y a eu une gamine, sortie d’on ne savait où, une gamine fragile et seule, en quête d’amour. Et lui, va savoir pourquoi est tombé fou amoureux en moins de temps qu’il faut pour le dire… Une rencontre improbable dans un des plus beaux lieux du monde, un regard, deux mots en l’air, une invitation aléatoire, un concert inoubliable…

Julia lui avait dit en la voyant la première fois et en la jaugeant d’un air un peu hautain « Vous savez, vous passerez toujours après la musique. Vous n’avez aucune chance. Oubliez-le ! »

Mais la gamine avait déjà conquis le coeur du musicien avec une facilité déconcertante.

Cette gamine c’était moi. J’avais 16 ans et lui 21.

Ma plus belle histoire d’amour c’est lui… Mais…

Annie K.Barbier

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