Le foulard (tiré du provençal foulat, foulé) est un grand carré de tissu qui se porte, ou plutôt se portait autrefois comme accessoire de mode, autour du cou ou sur la tête.
Maman disait foulard, Mamouchka disait fichu, mes soeurs et moi disions écharpe.
Il protégeait nos cheveux et notre cou du vent et du froid. C’était un grand carré plié en deux en forme de triangle, réalisé dans un tissu léger et souvent très coloré.
Maman les achetait en soie. Mon père lui en avait d’ailleurs rapporté un de Lyon, une pièce absolument magnifique, d’un vert qui s’accordait si bien à ses yeux, savamment imprimé de chaines dorées et de motifs d’un bleu marine intense.
Elle le portait très souvent, parfois sur la tête, souvent autour du cou, accompagné d’un grand sautoir en perles ce qui lui donnait une allure follement classe. Mamouchka portait des fichus surtout l’été pour que le soleil n’abîme pas ses beaux cheveux blancs.
A l’âge d’or de la Haute-Couture parisienne, de nombreuses stars l’avaient adopté, de Catherine Deneuve à Grace Kelly, de Bardot à J.Onassis, le rendant incontournable. D’ailleurs le carré Hermès eut un succès fou.
Maman et Mamouchka m’en ont offert chacune un et après j’ai été une fan absolue. J’en ai acheté des tas que je mettais sur la tête (rarement), qui me servaient de lavallières, bien nouées sur mes chemisiers impeccables, que je glissais dans les passants de mes pantalons en guise de ceinture, que j’accrochais à mes anses de sac à main pour les coordonner à mes tenues, ou que j’attachais dans mes longs cheveux bruns avec d’immenses créoles dorées aux oreilles.
C’était l’indispensable de toutes mes tenues, même décontractées. J’en ai encore de nombreux, témoins de ma jeunesse et de mes escapades. Je ne m’en séparerais pour rien au monde.
A la messe le dimanche, Maman et Mamouchka portaient une mantille en dentelle noire. Moi, j’en avais une blanche mais je détestais ça.
Aujourd’hui et même depuis longtemps, ce charmant bout de tissu est devenu la star de toutes les discussions. Adoré par les uns, honni par les autres, il a bien du mal à retrouver sa place originale, soit sur la tête.
Je n’en dirai pas davantage même si j’ai une idée bien précise sur ce phénomène Je préfère rester à l’abri des critiques qui pleuvraient immanquablement sur ma tête que je sois pour ou contre.
Le souvenir de ce carré de tissu devenu encombrant restera pour moi et pour toujours, attaché à l’élégance de Maman.
Annie K.Barbier
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