J’ai regardé hier soir Muriel Robin, magistralement émouvante dans une interprétation hors pair du rôle de Jacqueline Sauvage. J’ai toujours été admirative de ces comiques, capables d’endosser avec une extrême efficacité un rôle dramatique. Je me souviens dans le même registre de Coluche dans Tchao pantin.
Muriel Robin, dans la peau de Jacqueline Sauvage est criante de vérité. J’aime cette femme depuis toujours, j’aime sa sincérité et son franc-parler, sa façon d’aborder les choses sans détour, que ce soit dans ses sketchs, dans ses films, dans ses apparitions télévisuelles ou autres.
Je ne suis pas certaine qu’on sorte de ce genre de tournage sans traces. Bravo Madame pour votre performance d’actrice et votre engagement de femme.
Pour en revenir à Jacqueline Sauvage, j’ai lu quelques commentaires ce matin, sur diverses pages, qui m’ont soulevé le coeur. Il y a partout de bons penseurs qui ne font que philosopher à mille lieues des réalités. Jacqueline Sauvage n’est pas un cas isolé. C’est une goutte dans un bain de sang et de coups. Rien que pour cela, son histoire devait être racontée.
Je dis seulement aux moralisateurs de tout poil, que le jour où ils seront directement concernés, le jour où leur corps sera transformé en loque par la violence quotidienne, le jour où leur esprit sera annihilé par les brimades, les injures, les coups, voire les privations, le jour où ils seront humiliés, brisés, sans force, dans une solitude extrême, ce jour-là, peut-être ils auront le droit d’avancer une ébauche de jugement, et encore ..
L’histoire de cette femme n’est jamais que l’enfer vécu par tant d’autres, par leurs enfants aussi. Et puis, on a tendance à oublier, que les femmes battues, ça n’existe pas seulement au travers du couple. Il y a la violence des pères envers leurs filles, des frères envers leurs soeurs, des fils envers leur mère aussi. Ce ne sont que quelques exemples.
Je retire de cela aussi que la justice n’aime pas que les médias ou l’homme de la rue s’emparent d’un sujet qui la concerne. La justice, comme toute autre institution n’est pourtant malheureusement pas infaillible.
On a beau dire, on a beau faire, on a beau montrer et démontrer, le phénomène prend de l’ampleur et je ne crois pas que le monde dans lequel nous vivons soit en mesure d’y changer quoi que ce soit, bien au contraire. C’est à chacune et chacun d’entre nous d’observer une vigilance accrue, de dénoncer, de porter secours. La violence faite aux femmes n’est pas qu’une affaire de femmes.
Toutes les formes de violence sont l’affaire de tous.
Et.. Tirons notre chapeau à François Hollande qui a eu le courage de prendre la décision de la faire libérer
Annie Kubasiak-Barbier
No Comments