Au grand bal des autruches, se presse tout un monde,
Des femmes bijoutées, des messieurs élégants,
Qui se font des courbettes et entrent dans la ronde
Des sourds et des aveugles, sans aucun tourment.
Et par la même porte, s’engouffrent des exilés,
Même des petites gens que l’on nomme « ceux d’en bas »,
Quelques vieux barbons, de jeunes freluquets,
Une foule atypique et jusqu’au fou du roi.
Ils se sont rencontrés sur un mur de silence
Et ils ont érigé comme une tour d’ivoire
Où ils ont enfermé les pleurs et les souffrances
D’innocences brisées au bas d’un tableau noir.
Au carrefour du passé, leurs ombres alanguies
Ont verrouillé l’entrée des consciences paumées.
Dans leurs maisons de sable, ils étouffent la vie
Et déguisent en anges des démons rapiécés.
De ces êtres fuyants à mes peines rebelles
Se déroule un chemin bordé de coquelicots,
Ceux que cueillent les enfants au bord de leurs marelles,
Comme des taches de sang aux mains de leurs bourreaux.
Annie Kubasiak-Barbier
Quand le passé s’invite au présent
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