Nous étions en juillet. La terre pouvait bien s’arrêter de tourner. Il n’y avait dans l’air que de l’amour, de la musique, un parfum d’avenir conquérant. Chaque oiseau qui volait porter nos rêves sur le dos, chaque fleur qui s’ouvrait nous parlait de demain, chaque figue que l’on dévorait, gorgée de soleil, nourrissait nos âmes plus que nos corps. Nous nous découvrions, nous nous nous nous aimions comme des fous avec l’insolence de la jeunesse, avec l’imprudence de l’innocence.
Nous voulions tout… l’automne, l’hiver et un nouveau printemps qui nous préparerait à un nouvel été brodé d’agapanthes bleues. Nous imaginions déjà le pays de Cézanne entre pourpre et violine dans un octobre flamboyant. Nous le désirions si ardemment, immaculé en un décembre féerique. Nous imprimions déjà nos pas dans l’éclatante blancheur des sentiers du domaine à la recherche du printemps perdu. Les ailes du moulin chuchotait à nos oreilles la chanson douce d’un avenir enchanté. Même les abeilles dans un ballet élégant butinaient nos coeurs et emportaient avec elles des bribes de notre amour naissant. Il froissait mes dentelles, je chiffonnais sa peau dans des étreintes prémices d’autres étreintes plus folles encore.
Nous n’eûmes qu’un été, mais quel été !
Et quand l’hiver s’invite je rêve encore de Juchepie comme je ne l’ai jamais vu, ouaté et emmitouflé de blanc, avec lui à mes côtés.
Annie Kubasiak-Barbier
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