Balade du jour à Sully sur Loire (19 mars 2017)
Salon cartes postales et vieux papiers
Quarante kilomètres vite avalés…
Quarante kilomètres vite avalés…
Les bois sont toujours aussi gris mais le rose des prunus, le jaune des forsythias, le blanc des aubépines tachent le paysage dans un printemps qui balbutie. Quelques faisans au garde-à-vous, des envolées de corbeaux, un chevreuil égaré… La vie suit son cours.
La salle d’exposition est sertie dans un parc, pas très loin du château. Il y a beaucoup d’exposants, pas trop de visiteurs à cette heure. Et là c’est intéressant parce que ça permet le dialogue et les échanges. Les conversations vont bon train. Il y a toujours deux catégories d’exposants, les très organisés et les adeptes du « joyeux foutoir ». Là je ris doucement parce qu’en fait ce ne sont pas les premiers qui cherchent le moins ou alors il y a un Bon Dieu pour les désordonnés.
Vieux papiers… Sens large …Il y a les vieux journaux, les vieilles cartes postales, les vieux livres, les vieux disques, les vieilles affiches, les vieilles photos, la vieille France, le vieux Monde. Bref, tout est vieux, même moi ! Je n’ai guère vu de jeunesse dans ce fatras nostalgique et suranné.
Premier stand, tout tourne autour de l’école, de la vieille école, celle que j’ai connue avec son globe terrestre, ses grandes affiches colorées, ses cahiers portant tables de multiplication au dos, ses encriers de porcelaine et même de vieux buvards rose fané. Les buvards… Voilà des années que je n’en avais pas vu autant, surtout des usagés, du genre de ceux qui ont épongé l’encre de mes pâtés et mes souvenirs en même temps.
Un peu plus loin, des cartes postales bien rangées par département… Les visiteurs fouinent, exhibent leurs trouvailles, ce qui déclenche quelques éclats de rire. Moi, j’ai retrouvé une vieille carte de Berd’hui, petit village perdu au creux du Perche de mon enfance et de ma mémoire. L’image de ma mère est passée dans l’instant..Souffle d’un temps révolu …
A suivre, le quartier des bandes dessinées… Bécassine fait la maligne bien installée près de Popeye, la Tante Pim a toujours son rouleau à pâtisserie à la main et Tintin a envahi l’étal avec ses voyages et ses aventures.
Un peu plus loin, des affiches publicitaires hilarantes et abracadabrantesques ! La bonne bouille du bonhomme Banania fait de l’œil à la Mère Denis. La ménagère a le dos large pour y placarder toutes les lessives remarquables et certaines marques se sont particulièrement défoulées.
Les vieux journaux … Un qui annonce la mort d’Hitler près du sourire éclatant de Brigitte Bardot qui joue la starlette sur sa plage de La Madrague ou le Roi Pelé en Dieu du stade. Mélange de genres ? Non, facétie du temps qui passe et qui brasse les évènements et les générations.
Les maux de la grande guerre voisinent avec un bouquin d’histoires drôles dans un amas hétéroclite. Coluche supervise pendant qu’en face Brassens, sa pipe aux lèvres sur le port de Sète nous laisse en héritage quelques vinyles de l’année 1956. J’ai retrouvé Mike Brandt, Dalida, Mireille Mathieu et tant d’autres qui ont marqué ma vie et mon cœur.
Bizarrement, un marchand de parfums a élu domicile dans ce lieu où on ne l’attend pas, avec aussi des affiches publicitaires merveilleuses. Et j’ai aussi retrouvé les colombes de l’Air du Temps de mes vingt ans. Merci Nina Ricci.
A la sortie, on parle mariage avec de vieux clichés émouvants de mariés d’antan. La famille, les demoiselles d’honneur et des photos prises dans les villages alentour… Année …, à tel endroit, identifiez-vous si vous vous retrouvez. Devant moi un couple âgé étudie à la loupe une photo de groupe à la sortie d’une église avec dans les yeux l’espoir de s’y retrouver. Émotion d’un moment … !
Un vieux gramophone chante Lili Marlène d’une voix traînante dans le brouhaha. Sonnerie d’un téléphone portable qui m’arrache à la rêverie..
La visite est terminée. Au fait, j’habite où moi ?
Bonne soirée à tous.
Annie K.Barbier
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