Un jour partir ailleurs et …
Depuis deux jours j’ai navigué entre joies et peines, entre rire et larmes.
J’ai retrouvé dans le grenier une grosse malle en fer, d’un kaki hideux, une « cantine » ainsi l’appelait mon père, militaire. Cette malle a vu Madagascar, l’Afrique, nos jouets de gosse, les robes de mère, les draps brodés de Jeanne et tant d’autres choses. Je ne comprends même pas pourquoi je l’ai gardée cinquante années voire plus. Sans doute parce que c’est le genre d’objet parfaitement indestructible et qui sert toujours à quelque chose.
Ceci dit j’en ai même deux. Mais celle-là, je l’avais oubliée et surtout j’avais oublié ce que j’y avais déposé. C’est inimaginable ces bribes de vie ensilées. J’en ai sorti des choses de là-dedans. Je me demande même comment j’y ai rentré tout ça surtout maintenant que c’est étalé au sol dans l’attente d’un rangement aléatoire. Des mouchoirs blancs d’une extrême finesse avec un monogramme que j’avais brodé pour une fête des Mères, des lorgnons hétéroclites, le vieux missel de Maman et son chapelet de nacre, des photos de mes petites soeurs en noir et blanc, prises à Fiadanana à mes premières lettres d’amour, celles que j’écrivais et que je n’envoyais quasiment jamais. Il est tout un monde ressuscité d’un seul coup de clé.
J’en ai retrouvé vingt-sept de ces lettres qui ne sont jamais parvenues à leur destinataire pour un million de raisons connues de moi seule. Quand je relis tout ça, je me dis que j’étais quand même d’une sagesse exemplaire, trop, beaucoup trop même, à un point que ça me laisse un peu désemparée.
Pour le reste il y a des tas de cartes postales, venues des quatre coins du monde, les copains en maillot de bain, mes gosses déguisés, bref autant de tranches de vie, d’amitié et d’amour.
Le problème, c’est que maintenant que j’ai extirpé tout ça de l’ombre et que je l’ai étalé en pleine lumière, il va falloir prendre la décision qui s’impose. TRIER .. par ordre de valeur sentimentale d’abord. Les lettres serviront certainement à ce roman qui me trotte de plus en plus dans la tête. Le reste retrouvera sans doute en grande partie le fond d’une autre malle à moins que je n’en fasse un feu libérateur. Mais le choix est cornélien. Demain est un autre jour…
Annie K. Barbier
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