En France,
Il est des piles de pont qui servent de refuge
A des jeunes paumés et à quelques transfuges
A des hommes abîmés, à des gens que l’on juge
Qui à fleur de pavé, attendent le grand déluge.
En France,
Il est dans des mouroirs, fanés de solitude
Des vieux trop cabossés, marqués d’incertitude
Délestés de leurs rêves pour cause de rectitude
Qui ne demandaient guère qu’un peu de gratitude.
En France,
Il est dans des foyers des femmes au cœur brûlé
Vêtues de bleu chagrin à leur peau tuméfiée
Et les yeux délavés tant elles ont dû pleurer
Sur les cendres fumantes de leur vie incendiée.
En France,
Il est des hommes sans joie qui jouent à qui perd gagne
Qui battent le macadam comme d’autres la campagne
Sans avenir, sans travail, au creux du ventre la hargne
Et la désespérance comme unique compagne.
En France,
Il est sur des trottoirs, l’innocence que l’on brise
Des lambeaux de jupon, une poussière grise
Au cœur de la terreur quelques places assises
La folie meurtrière d’un monde qui agonise.
En France,
Il est un peuple fier et quoique l’on en pense
Par delà sa révolte, par delà sa souffrance
A l’humanité, il laissera sa chance
Pour qu’elle vive encore au beau pays de France.
Annie Kubasiak-Barbier
Texte déposé SACEM
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