Les cimetières

Les cimetières sont décidément pleins de gens merveilleux, de gens intelligents, de gens irremplaçables, de gens très estimés etc … Je pourrai vous en faire une page comme ça ..

Je ne vais presque jamais aux enterrements à moins que je n’ai aimé beaucoup la personne qui s’en va. Je n’aime pas ces réunions circonstanciées, auxquelles ont se rend par politesse ou par devoir ou par curiosité pour certains et par hypocrisie pour beaucoup.

Faire une mine d’enterrement ! Il y a des spécialistes en ce domaine qui accrochent à leur visage un masque d’opérette mais qui n’ont jamais rien offert à celui ou celle qui s’en va, ni humanité, ni tendresse, ni amour, ni amitié et même pas de respect.

Les cimetières sont remplis d’indispensables ? Mais ils n’ont rien demandé eux. On leur accorde subrepticement un nouveau statut « social ». En ce qui me concerne, je n’ai pas envie de ça ! Alors oui, je ne vais pas aux enterrements, je préfère passer pour une j’en foutiste, une associale, une sans coeur .. Je m’en fous ..Parce que c’est pendant qu’on est vivants qu’il faut partager l’amour ou l’amitié, la fraternité. Les parents n’ont jamais assez de temps pour aimer leurs enfants, les enfants croient toujours avoir le temps d’aimer leurs parents.

Mais un jour, il est trop tard. Pour les amis c’est pareil. Ne pas laisser s’installer le silence, celui de la distance, celui dû à la trépidance de la vie et se méfier aussi de ceux qui divisent toujours pour mieux régner. Ceux-là, ils s’en moquent de votre bonheur, limite ça les dérange votre bonheur. Ils vous envoient des semblants de bouées de sauvetage mais ils font bien attention à ce qu’elles crèvent avant de vous avoir ramenés à la rive. Faire fi des mesquineries, des sottises, des jalousies idiotes. Ne pas laisser l’indifférence étendre son aile. L’indifférence est meurtrière, terriblement meurtrière ..

Alors, quand vous marchez ou que vous marcherez derrière un cercueil, demandez-vous si votre présence est justifiée parce que … Il n’y a que la mort qui soit inéluctable, il ne faut jamais oublier ça ! On peut changer tout le reste mais pas le geste définitif de la grande faucheuse.

Annie Kubasiak-Barbier