Les rêves de la nuit colorent parfois en rose la morosité du jour, saupoudrent le quotidien d’un soupçon d’émotion et effacent un peu la lassitude.
Je fais souvent, très souvent, trop souvent ce même rêve. Toujours au même endroit, quelque part dans le vaste monde ou alors au fin fond de moi-même, il existe un village, accroché à la mer. Quand j’y pense, je pourrai le dessiner les yeux fermés. Il y a des petites maisons de toutes les couleurs, des voitures d’un autre âge sur un un carré de parking , des petites ruelles qui convergent toutes vers un seul et même endroit…une plage de sable doux et fin où vient mourir l’écume de la mer. Il y a une phare aussi, rouge et blanc et puis un escalier de granit avec un garde-fou en fer forgé. On dirait un paysage naïf, vous savez ces petites toiles colorées comme des sucres d’orge, avec une église, des maisons, des gosses qui font de la trottinette ou qui jouent encore à la marelle.
Mais dans mon dessin, je suis seule à déambuler dans des rues désertées et dans un silence total. Même le temps ne change jamais, toujours entre petits nuages et soleil. On dirait un lieu secret qui ne connait que la douceur de vivre, loin des colères, des tempêtes, de la folie des hommes. Là ou c’est bizarre, c’est que ça ne me dérange pas cette solitude. C’est comme si cet endroit m’appartenait.
Alors je monte ces marches en espérant découvrir ce qu’il y a en haut, tout là-haut, hors du temps et de mon regard. Je n’y suis jamais arrivée. Au moment où l’horizon se dessine avec peine, je me réveille.
Demain peut-être …si jamais il existe un demain dans ce pays inconnu, demain peut-être je saurai ce qu’il y a au bord de cet autre monde.
Annie Kubasiak-Barbier
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