De l’indispensable à l’inutile ..
Premiers jours de printemps et s’en revient le temps des brocantes ..
Non pas les brocantes établies, figées dans leurs vieilles pierres, pas celles qui ont pignon sur rue.. Non, non, Je parle des brocantes éphémères qui naissent aux petits matins encore frisquets des dimanches de mars et qui s’éternisent sous des cieux plus sereins quand on avance dans les saisons.. Foires à tout, ou foires à rien d’ailleurs, c’est selon !
J’aime bien traîner mes galoches au fil de ces étals embarrassés de débarras, surtout dans les petits villages de campagne quand pour corser l’événement les municipalités en rajoutent un peu entre flonflons démodés et baraques à frites. Deux mondes se côtoient, celui des vendeurs et celui des acheteurs, deux mondes pas du tout prêts aux petites concessions le matin mais nettement plus enclins au marchandage en fin de journée.
Et là, de l’indispensable à l’inutile s’ouvre un long chemin de négociations plus ou moins criardes. La rencontre avec l’objet, c’est comme une rencontre avec les gens. Il y a l’heure H ou le jour J, on dira comme on voudra, tout dépend de l’occasion et du larron. Ce qui était indispensable hier se trouve d’un seul coup méprisé par ses propriétaires et emporte la palme de l’inutile. Mais avec un peu de chance, entre les mains d’un nouvel acquéreur fébrile, l’objet redore son blason et retrouve un statut honorable. C’est ainsi qu’une poupée fatiguée redevient une princesse entre les mains câlines d’une petite fille, qu’un livre oublié retrouve ses lettres de noblesse, qu’un cristal de Bohême poussiéreux rutilera à nouveau sur une table romantique. Et puis l’inutile se trouvera définitivement condamné.
Et le soir il y aura encore deux mondes, ceux qui partiront chargés de leur nouvel indispensable, des étoiles pleins les yeux et ceux qui rentreront déchargés de l’inutile avec un petit pécule sympathique qui leur permettra, le dimanche suivant de se charger d’un autre indispensable au futur statut d’inutile.
Bref, je ne sais pas si vous avez tout bien suivi mais sans doute lors de vos prochaines pérégrinations en brocante, vous aurez une pensée pour moi et là je souris d’avance.
Annie K. Barbier
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